Nous voulions absolument revenir visiter plusieurs îles et particulièrement celles qui ont des volcans actifs.
Le problème de l’organisation a été vite résolu: seuls, nous aurions dû disposer d’énormément de temps. Il faut, pour pénétrer au cœur des îles, obtenir des autorisations auprès des coutumiers. C’est possible, à condition que le chef ne soit pas parti à la chasse ou à un mariage. Ensuite il faut trouver des guides et des porteurs. Puis négocier et prévoir la nourriture pour une petite expédition. Tout cela combiné avec des billets sur des avions plus ou moins réguliers … .
Nous avons donc contacté l’agence « Aventures et Volcans » spécialisée dans les volcans et, disons le très compétente (Publicité gratuite). Marché conclu après avoir rencontré leur guide organisateur, Thomas qui habite sur son bateau à Nouméa.
Le Voyage
De Port Villa (Ch. I), nous visitons successivement :
Tanna et le volcan Yasur (Ch. II)
Ambrym et les volcans Benbow, et Marum (Ch.III)
Brève escale à Santo
Gaua et le volcan Garet (Ch. IV)
Santo (Ch. V) où nous restons trois jours alors que nos compagnons regagnent la France.
Chapitre I : Port Villa
A Port Villa dans l’île d ‘Efaté nous faisons connaissance avec nos compagnons qui arrivent de France. Tous sont des passionnés et ont déjà foulé bon nombre des volcans. Ce sont des familiers de l’agence avec laquelle ils partent régulièrement.
– Julie, sacrifie tout pour les voyages, là où la terre explose. Elle travaille nuits et dimanches pour économiser un maximum.
– Xavier est restaurateur. Son humour et son franc-parler lui servent de passeport. Il a dans son bagage quelques bouteilles de génépis et d’alcool de sapin qui nous seront utiles dans les moments difficiles.
– Jacques, notre doyen vend des avions.
– André travaille dans le nucléaire. Il connaît particulièrement le Japon et il en parle avec enthousiasme.
– Thomas notre guide est géologue et volcanologue, c’est surtout un homme plein d’attention, méticuleux et toujours disponible. Au fur et à mesure de ses voyages, il a tissé un réseau qui lui permet d’avoir toujours réponse aux multiples problèmes que peut rencontrer un groupe d’européens sur des îles isolées.
Toujours à Effaté, nous retournons chez le délicieux Aloï Pilioko, qui nous reçoit comme toujours avec force petits verres de Vodka. Il déballe pour nous ses dernières créations, une série de pagnes multicolores inspirés des fleurs de son jardin.
En me promenant dans la ville et en furetant comme à mon habitude, je repère une vieille ancre à jas qui finit ses jours contre un mur. La rouille la digère peu à peu si bien qu’elle est maintenant rompue en deux morceaux. Et là, je découvre la plaque commémorative qui indique qu’il s’agit de l’ancre de l’Astrolabe, récupérée en 1964 à Vanikoro ! Puisque cette relique du voyage de Monsieur de Lapérouse est à l’abandon, je ramasse sans arrière-pensée un gros fragment que j’emporte dans mes bagages ! Un morceau de fer qui a fait un des plus longs, des plus beaux et des plus passionnants voyages d’exploration ! Je ne pouvais pas imaginer une aussi belle trouvaille.
Chapitre II : Tanna, la belle explosive.
Nous sommes ravis de retrouver l’île de Tanna avec la perspective d’assister encore à l’extraordinaire spectacle que joue le volcan Yasur, sans relâche, tous les soirs depuis sa découverte par Cook en Août 1774. Sur les traces du grand explorateur, nous logeons dans la baie de Port Résolution qui porte le nom de son navire. Dominant une vaste plage de sable noire, nous occupons des bungalows sommaires en feuilles de palmiers tressées. Cela s’appelle le « Yacht-Club », propriété d’une famille mélanésienne qui reçoit les rares navigateurs de passage dans un grand faré transformé en salon-salle à manger. On y sert les produits locaux, poissons et poulets grillés, légumes tarots, ignames cuits à l’étouffée et les délicieux fruits des tropiques.
Nous partons à la découverte de notre environnement avec Sarah qui nous guide sur une dangereuse colline qui enfle petit à petit sous la pression de la lave. Témoins les coraux qu’elle soulève avec elle, les sources d’eau brûlantes et les fumerolles qui jaillissent au milieu de la forêt. Il est à craindre qu’un jour cette masse en fusion rencontre l’eau de la mer, ce qui entraînerait une énorme explosion.
Non loin de là (!) Willy, l’instituteur du village nous fait visiter sa petite école qu’une organisation franco-australienne rénove. Serait-ce une façon d’introduire un cheval de Troie dans cette tribu paisible menacée par la création d’un grand hôtel?
Baie des requins : du haut de la falaise nous assistons au ballet des squales du récif qui se rassemblent. Pour s’y reproduire ?
Deux après-midi de suite, entassés dans la benne d’un 4×4, nous parcourons la piste défoncée qui mène au volcan. Mais c’est à pied que nous gravissons les dernières pentes, dans la forêt dense qui s’éclaircit au fur et à mesure que les grondements se font plus précis. Nous débouchons sur une étendue désertique, couverte de cendres, située en dessous du cône terminal d’où s’échappe l’immense panache de fumée noire et blanche.
Et c’est toujours impressionnant, comme à chacune de nos rencontres avec le centre de la terre de se trouver face à un phénomène qui s’impose par sa brutalité minérale, de cendres, de laves et de scories. Nous nous trouvons confrontés à un phénomène, hors normes, imprévisible, qui donne vie à la matière et peut semer la mort autour de lui.
Captivés par les explosions qui s’enchaînent, nous attendons la tombée de la nuit en réalisant une approche prudente.
Nous sommes tous émerveillés, même si l’ensemble du groupe a déjà une bonne expérience des éruptions sur l’ensemble de la planète.
Nous sommes venus en volcanologues avertis, avec masque à gaz, casque et gros souliers. Ces jours-là, le Yasur est très actif et l’observation confirme que certaines explosions sont suffisamment violentes pour envoyer très loin leurs projectiles incandescents Nous restons donc relativement éloignés du cratère sans rien perdre pour autant du spectacle.
Les nombreux touristes qui nous voient ainsi harnachés et nous trouvent bien trop prudents, sourient sous leurs casquettes. Jusqu’à ce qu’une pluie de bombes, certaines grosses comme des armoires s’écrasent à leurs pieds. Nous les voyons détaler et se placer prudemment derrière nous!
Thomas que son professionnalisme ne prive pas d’humour s’approche alors de la roche brûlante pour y mettre à cuire les morceaux de poulet que nous avons apportés! Gag!
Les ondes de choc de certaines détonations plus fortes que les autres, déforment pendant un dixième de seconde, la vision des choses, comme à travers une grosse loupe … et ne laissent pas indemnes nos tympans. Parfois l’émission de cendre est telle que nous sommes plongés un long moment dans la nuit noire avant qu’une nouvelle projection de magma incandescent sur écran panoramique illumine à nouveau toute la scène.
Profitant d’une accalmie nous nous permettons un bref séjour sur l’ultime margelle qui domine la bouche d’où jaillit la lave, le temps d’une photo, avant de nous replier sagement sur notre base arrière.
Nous avons commencé notre tour des volcans du Vanuatu par le plus facile et le plus spectaculaire qui aurait pu constituer le bouquet final du voyage. Les suivants, ceux d’Ambrym et celui de Gaoua sont plus difficiles d’accès, ils se méritent. Nous allons en faire l’expérience …
Chapitre II : Ambrym, la sulfureuse aux multiples visages
Le vieux bimoteur chinois et ses huit passagers se posent cahin-caha sur la piste en herbe où une cinquantaine de personnes s’est rassemblée sans autre but, semble-t-il que de voir arriver de nouvelles têtes. L’accueil est chaleureux, chez Félix, à Craig-Cove avant un départ à la nuit tombée pour Lalinda, dans la benne d’un 4×4 où passagers et bagages sont traités à égalité. Quelque peu courbatus, nous montons les tentes à la lumière des frontales. Comme à chaque fois que nous sommes reçus en tribu, les femmes nous ont préparé un repas généreux et varié de fruits et légumes délicieusement cuisinés.
Le départ, le lendemain réunit une petite expédition car nous partons pour quatre jours en autonomie. Une équipe de porteurs et porteuses prend la tête avec nos gros sacs et surtout l’eau qu’on ne trouvera pas en altitude.
La montée se fait d’ abord dans la palmeraie où on récupère la chair des noix de coco qui, une fois séchée dans des fours artisanaux, donnera le coprah. Vendu à des marchands, on en tire une huile qui connaît un regain d’intérêt puisque dans certaines îles comme à Maré, elle alimente la centrale électrique.
Au fur et à mesure que nous progressons, la forêt se fait plus dense et surtout moins dégradée par les activités humaines. En cinq heures nous avons pratiquement gravi tout le sentier qui nous sépare de la caldeira… Mais le plus dur reste à faire : cinquante mètres d’un mur de sable volcanique croulant et roulant qui, inlassablement, se dérobe sous nos pieds. Je termine en m’accrochant aux herbes, même les plus petites, avec la hargne d’un naufragé qui s’enfonce désespérément.
Et enfin : face à nous, se dressent en plein soleil, les massifs volcaniques du Benbow et du Marum au milieu de leur écrin désertique. Nous montons nos tentes dans une petite oasis de verdure, près des cabanes des porteurs.
La caldéra d’Ambrym est immense et couvre un cercle d’au moins quinze km de diamètre. Il nous faut deux heures pour grimper sur les pentes du Benbow par la plaine de sable d’abord puis sur une arête comme un sentier spécialement tracé vers le sommet. Devant nous les porteurs, George et Pierre, emportent 200m de corde qu’ils déroulent à l’intérieur du volcan. Les choses deviennent sérieuses : assurés à ce fil d’Ariane, casqués et masqués, il nous faut maintenant descendre une pente à 45° dans les coulées et les cendres qui glissent sous nos pieds. Au bout d’une grosse heure de crapahut, la petite troupe se trouve rassemblée au fond d’un vaste cirque bordé de remparts. Sur notre droite surgissent deux cratères. Nous gravissons rapidement le premier pour nous trouver sur le bord d’un précipice d’où sort une abondante fumigation bien soufrée dont les masques nous protègent. Nous n’apercevons pas le lac de lave situé en dessous d’un ressaut de la paroi que son rougeoiement illumine. Le temps de prendre quelques photos et voilà que tombe la pluie et la brume qui nous enveloppe. Nous attendons patiemment une trouée qui ne vient pas, il faut remonter, contents d’avoir vu ce Benbow qui vaut bien celui de l’île au trésor !
Retour au campement où nos amis nous accueillent autour du feu où cuit une grosse marmite de riz et de tarots, et où chauffe l’eau de nos maigres lyophilisés.
Nous y passons quatre nuits sous tente. Les accompagnateurs ont leurs cases en feuilles de palmiers qu’ils améliorent à chaque expédition. Bien qu’il pleuve beaucoup, il n’y a pas d’eau et la petite source à une demi-heure de marche est tarie.
Pour aller au Marum il faut à nouveau traverser la plaine de sable plantée çà et là de roseaux, de lycopodes et d’une belle orchidée rose et pourpre, certainement une calanthe. Les pluies ont creusé des vallées comme des oueds que nous remontons vers deux premiers cratères actifs. Le Marum signifiant « le Cochon », nous laissons à notre gauche, « Le Fils du Cochon » qui avait encore au mois de mars, son lac de lave qu’une explosion a pulvérisé. L’endroit n’est donc pas particulièrement sûr et nous pressons le pas sans nous arrêter, non plus, au « Petit Fils du Cochon » dont nous ne voyons que l’ouverture béante et les volutes de fumée.
On marche, on grimpe, on souffle et puis tout d’un coup le chemin s’arrête devant un précipice et le voilà, avec son lac de lave comme un fourmilion au fond de son trou ! Le Marum ! Un œil de feu nous regarde depuis les entrailles de la Terre. A 300 mètres sous nos pieds, une tempête de lave bouillonne au fond d’une une vaste marmite avec un bruit d’enfer.
Le temps de faire quelques photos et soudain, le rideau tombe, la brume, la pluie fine, le vent et le froid s’installent en quelques minutes. Une partie de l’équipe, transie, renonce rapidement. Stoïques et motivés, nous restons avec Jérôme et Thomas. Tout l’après-midi y passe ainsi qu’une bonne partie de la bouteille de génépis sans que le nuage nous quitte. Ce n’est que vers cinq heures, alors que nous allions renoncer que l’embellie se fait et que reprend le spectacle pyrotechnique dynamisé par la tombée de la nuit. Nous sommes largement récompensés de notre persévérance, même s’il nous faut à présent trouver le chemin du retour à la lueur de nos frontales.
Par bonheur les porteurs sont venus au-devant de nous et, prévoyants, ils ont balisé la piste avec des fanions en roseau.
La dernière nuit, nous sommes rejoints par la tribu de l’Est qui prend bruyamment le relais des gens de Lalinda.
Départ aux petites heures avec notre nouvelle équipe pour une longue marche dans la Caldeira, puis la descente dans la forêt vers la côte. Aux alentours de midi, nous avons la surprise de trouver nos bagages abandonnés dans la brousse. Ceux qui en avaient la charge sont partis à la chasse ! Le temps de déjeuner, les voilà qui reviennent, avec les pièces sanguinolentes d’un cochon dépecé.
Au village d’Endu nous passons deux jours chez John et Salomé qui mettent à notre disposition des bungalows en bambous à l’architecture sophistiquée, dans un magnifique jardin. Le temps d’attendre l’arrivée de notre avion, nous récupérons chez eux de nos fatigues, pansons nos plaies et procédons au grand nettoyage qui s’impose. Le séjour est culturel et gastronomique. On nous enseigne à pêcher dans les mares qu’on empoisonne avec la noix du barringtonia.
Je m’essaye sans succès à allumer un feu en frottant un bâton sur un autre.
Du jardin à la cuisine, nous apprenons tout ce qu’il faut savoir des produits locaux et surtout la confection du traditionnel « lap-lap », une purée de légumes, bananes, tarots ou manioc qui cuit sous les pierres chaudes dans un emballage de feuilles de bananiers. Selon l’assaisonnement, c’est autant un dessert qu’un plat unique.
Mais le fin du fin c’est un inoubliable porcelet à la chair moelleuse et savoureuse, cuit à l’étouffée dans ces cailloux chauffés au feu de bois et qu’on nous sert le dernier soir.
Nous sommes initiés au kava, la boisson traditionnelle qu’on tire d’une racine. On le propose, le soir dans des petites échoppes aux allures de tripots, faiblement éclairées. Il se déguste seul, dans l’ombre et d’une traite avant de retourner s’asseoir autour du feu parmi l’assemblée majoritairement masculine. C’est apaisant, doucement euphorisant et anesthésiant, au moins pour la bouche et le gosier. C’est bon comme un verre de boue et il faut en boire trois pour atteindre le stade qui délie la parole des sages.
Et puis c’est à nouveau l’avion avec les poules et les racines de manioc, en direction de Santo puis de Gaua.
Chapitre III : Gaua l’inaccessible beauté
Cette fois nous sortons vraiment des volcans battus, Gaua, dans les îles Banks, au Nord du Vanuatu n’est pas beaucoup fréquentée. Sans eau courante, sans électricité, sans beaucoup de plages, elle est restée très « authentique » et les touristes s’ils ne sont pas de bonne constitution, ont tendance à la délaisser.
Pourtant Charles et Angéla font le maximum pour accueillir les voyageurs dans leur propriété. Les repas y sont magnifiques, avec tout ce que l’île fournit de fruits et de légumes.
Comme partout au Vanuatu, selon que le village est catholique ou protestant on parle français ou anglais avec une forte majorité pour Shakespeare au détriment de Molière. Nous sommes très touchés de voir combien d’efforts sont faits par de modestes instituteurs aux pieds nus pour transmettre notre langue. Jean, que nous rencontrons aurait eu besoin d’une carte de Calédonie et pourquoi pas de France. Malheureusement nous perdons sa trace en même temps que le petit bout de papier avec son adresse qui nous aurait permis de l’aider.
Les élections pour l’assemblée territoriale approchent. Au pied d’une affiche qui porte sa photo en costume cravate, nous avons du mal à reconnaître Ricky, le candidat qui nous détaille ses revendications. Elles ne diffèrent pas des autres et on ne saurait lui en vouloir : les écoles sont trop chères, il n’y a pas d’électricité et le coprah, seule matière exportable, rapporte peu pour un travail énorme.
Par manque de place dans l’avion, Thomas nous rejoint avec un jour de retard et n’assiste pas à l’extraordinaire « water music » que jouent les femmes entrées dans la mer jusqu’à la taille. Avec leurs mains elles frappent la surface et produisent des sons qui rythment leurs chants. Les ploufs font les basses. En agitant leurs bras ou en caressant l’eau, elles obtiennent des chuintements ou des cascades qui montent dans les aigus. Nous sommes étonnés et séduits. Leur groupe a déjà été invité à un festival en Espagne.
Le lendemain de notre arrivée, nous nous mettons en route pour le Garet.
La montée relativement douce se fait comme à chaque fois dans la forêt, les cultures et les palmiers. En quatre heures nous sommes sur le bord de la caldeira emplie par un lac. Sur la rive boisée nous plantons nos tentes. Face à nous de l’autre côté du lac, le cône du volcan fume paisiblement. Habemus Papam : la fumée est blanche. Le monstre est donc calme. Fumée grise ou noire voudrait dire danger, car c’est un explosif qui a déjà envoyé une nuée ardente. Il y a une dizaine d’année, l’île avait été évacuée.
Nous étions prévenus, le problème de Gaua, c’est la pirogue qui permet de traverser le lac. Celle dont nous disposons est hors d’usage, percée de trous énormes. Mais promesse nous est faite qu’une autre viendra nous chercher. En vain, nous attendons la journée entière. Le soir, à la nuit tombante, notre guide, John, redescend au village pour engager de nouvelles négociations avec la tribu voisine. Nous le voyons revenir vers midi, le lendemain, sans espoir. Les autres ont dit non car ils sont malades … maladie diplomatique sur fond de querelles tribales à n’en pas douter.
Alors nous terminons en hâte le bricolage que nous avons entrepris, avec un matelas pneumatique dépecé, un rouleau de sparadrap, ma corde à linge et des lianes solides. Nous confectionnons des emplâtres sur les plaies de notre embarcation. Hélas! Au bout de quelques minutes sur l’eau, notre passoire coule inexorablement. Il est trop tard pour entreprendre une nouvelle série de travaux et nous devons abandonner, la mort dans l’âme l’idée d’aller fouler les pentes du Garet.
L’heure de la retraite a sonné et nous quittons Gaua sans enthousiasme, malgré l’excellent accueil et la bonne table de nos hôtes !
ChapitreV : Santo
Nous passons trois jours dans cette île qui a failli être la capitale du Vanuatu.
C’est un supplément que nous nous octroyons alors que nous avons dit adieu à nos amis qui regagnent la France.
Laurent y gère de sa table au « Nakamal Némo », une agence de voyage informelle qui tient toute entière dans son téléphone portable. Cet ancien parachutiste, haut en couleurs propose pour toutes ses prestations des prix imbattables qu’il est de bon ton d’agrémenter de bières ou de kava.
Sur ses conseils nous faisons la tournée des trous bleus qui sont des sources, voire des résurgences dans le massif calcaire. L’eau y est turquoise, on s’y baigne avec volupté, comme dans du cristal. A Port Olry, nous déjeunons d’un poisson grillé dans une paillote sur la plage.
Millénium Cave : un 4X4 nous conduit près de cette tribu qui a mis au point cet extraordinaire parcours sportif qui tient du canyoning et des aventures de Tarzan. Un guide pour deux personnes. Nous sommes peinturlurés comme des indiens sur le sentier de la guerre pour ne pas déplaire aux esprits du lieu. Puis nous pénétrons dans une grotte par une série de marches taillées dans les gros blocs qui en barrent l’entrée. Ensuite il faut se jeter à l’eau du torrent qui s’engouffre sous terre. Et nous marchons, nous escaladons, nous nageons durant une heure au moins dans l’obscurité sous le regard de milliers d’hirondelles qui nichent dans les parois. L’eau est chaude et nous prenons beaucoup de plaisir à cette aventure spéléologique.
Sandwichs à la sortie avant de recommencer, toujours dans le torrent qui a creusé un profond canyon sous les arbres de la forêt. Des échelles en bambou permettent de passer sur les éboulements de rochers. Les brassières de sauvetage que nous portons nous aident à nager dans le cours d’eau où tombent les rideaux blancs des cascades. Au-dessus de nous les frondaisons des fougères arborescentes, les feuillages des ficus qui grimpent aux parois agrémentent la vision du ciel sans nous protéger d’une pluie battante dont nous nous moquons biens, trempés comme nous sommes.
Retour au village, toujours par une série d’échelles. Arrêt buffet et vestiaire dans la case communale parmi la marmaille qui semble bien s’amuser de voir combien les touristes sont eux aussi de grands enfants.
Pierre Bivoit