Ceux et celles qui ont déjà eu l’occasion de le côtoyer apprécieront chez lui son profond humanisme et sa simplicité. Tous nos remerciements aussi au journaliste Aurélio Faria qui ,du camp de base, nous a envoyé ces informations avec sérieux , précision et qualité, sans tomber dans l’excès.
30 juin:
Le matin le CB était dans les nuages et il a neigé un peu. Je vais avec Johan au CB du Broad Peak qui est à 2h de marche. J’y ai rencontré Ivan Vallejo avec qui j’ai fait de sommet du Kangchenjuga l’année dernière et j’ai pris le déjeuner avec son expédition. Il fait très chaud et en retournant le chemin avait disparu. On a dîner avec l’expédition voisine des italiens. C’était une journée très sociale.
01 juillet:
CB, aujourd’hui il y en a du vent en altitude mais nous sommes réveillé avec un beau soleil. Pendant la journée les nuages apparaissent
02 juillet:
Montée du CB-CBA-C1 et après on a amené les équipements au C2 où on va rester quelques jours
Ce 7 juillet: João Garcia est retourné déjà au CB (5100m), après trois nuits passées au camp 2 (6660m), en franchissant les cheminées House, équipées de cordes fixes. La semaine suivante, bien rétabli et reposé de ce premier effort extrême, l’alpiniste portugais essayera d’atteindre la barrière des 8000, où il y a seulement 30% d’oxygène respiré par rapport au niveau de la mer.
Ce 10 juillet: de bonnes conditions météorologiques ont permis à João, accompagné du Pakistanais Amin, de parvenir au camp 3 à 7350m d’altitude, après avoir dormi une nuit au C2 et franchi la Pyramide Noire, grosse difficulté rocheuse. Une visibilité exceptionnelle permettait de voir les montagnes à une centaine de kilomètres à la ronde. Après y avoir déposé une tente et du matériel pour la montée finale, les deux alpinistes sont redescendu au C2. Ils rejoindront le CB, avant sans doute, l’ascension finale qui pourrait déjà arriver à partir du prochain WE. Pendant ce temps-là, le 9 juillet au matin, une énorme avalanche a balayé le versant sud du K2, emportant rochers, glace et neige , sans conséquence heureusement pour les tentes du CB.
Ce lundi 16 juillet: A 4h30′ du matin, Amin et João sont partis du CB tenter l’ascension du K2. Les prévisions météo donnent une fenêtre météo favorable jusqu’au 23 juillet, d’après les modèles transmis par son ami Vitor Baïa , tout en sachant bien que le temps est très instable sur cette montagne. Après avoir rejoint et dépassé le CB avancé, la montée au C1 a été facile. Mais du C1 au C2, le soleil a disparu, le vent s’est même intensifié, rendant le passage des Cheminées House ardue : chutes de pierre, petite avalanche de neige sous un vent glacé. Finalement le C2 est atteint . Abri dans la tente installée auparavant, de quoi se réchauffer avec un bon thé. Dormir et attendre pour décider ou non de monter au C3 (7400m), au C4 sur l’épaule à 8000 m et de là atteindre le sommet, en franchissant le « Goulot de la Bouteille », étroit couloir sous un énorme sérac, vers le 19 ou 20 juillet. Croisons les doigts…
Ce jeudi 19: João et son ami Amin, ainsi que d’autres alpinistes de toute nationalité (russe, canadienne, sud-coréenne..), ont atteint le camp 4 à 7750m environ, après avoir brassé dans une neige profonde, surtout sur l’épaule entre le camp 3 et camp 4. Il a dû même improviser, mercredi soir, un camp 3 bis intermédiaire vers 7600m, ce qui traduit bien la difficulté de l’ascension. Ce vendredi, vers 4 – 5 heures du matin, ils doivent gravir les 800 derniers mètres qui les séparent du sommet, avec comme grosse difficulté, en plus de l’épaisse couche de neige où ils doivent faire la trace pour la première fois, le passage du Bottle Neck, le « Goulot de la Bouteille », étroit couloir menacé dans sa partie supérieure par un énorme sérac, avant de rejoindre le plateau sommital. Ensuite redescendre directement au C2 car on annonce des vents plus forts pour ce vendredi soir.
Summit day! vendredi 20: 14 personnes de nationalités différentes ont donc atteint vers 16 heures locales le sommet du K2, en partant du camp 4 installé vers 7800m. Sans conjuguer leurs efforts pour faire la trace dans la neige où ils s’enfonçaient jusqu’à la cuisse, ils n’auraient sans doute pu réussir. « Seulement je peux dire qu’il y avait de la neige jusqu’à la cuisse, sans l’aide ils sont venus au devant, avec oxygène artificiel, je ne sais pas si on se serait arrivé ici ci-dessus! », affirme João dans une première communication radio, d’une voix fatiguée et haletante par l’air raréfié. Il lui aura fallu 15 heures d’une difficile ascension depuis le camp 4 pour y arriver. Le passage du Bottle Neck fut bien difficile, une pente inclinée à 80-90°, le tout à 8000 mètres. Vers vingt heures, de retour au camp 4, son ami Amin, qui avait stoppé là, l’attendait avec beaucoup de réconfortants liquides, João buvant le maximum pour compenser la déshydratation du jour. Au camp de base, tous célèbrent ce succès du jour le plus long et angoissant des dernières semaines. Malheureusement, dans l’expédition masculine coréenne, on pleure le décès du porteur d’altitude Nima Sherpa, faisant une chute fatale au-dessus du camp 4 durant la montée. Pour João, le K2 – La Montagne des Montagnes – est son neuvième huit-mille. Il devrait rejoindre le CB ce WE, une semaine après l’avoir quitté. Il sera accueilli avec tous les honneurs par son groupe, et notamment le médecin Belge Maurits Vreugde, qui aura attendu et suivi patiemment l’épopée de João depuis le CB .
Un exploit fantastique , un de plus pour João.
21 juillet:
C’est ce samedi 21 juillet au soir que João est finalement arrivé au CB à 5100m, après une descente épique de presque 3000 mètres de dénivellation , depuis le camp 4 à 7800m où il avait passé la nuit après avoir réussi le sommet ce vendredi. Fête complète au camp de base pour notre héros, en compagnie de l’expédition russe et bien sûr de son groupe, Maurits Vreugde en particulier. Congratulations sur place mais aussi de la part de nous tous qui ,ici à des kilomètres de distance, avons suivi cette incroyable épopée de João. Personnellement, jamais je n’ai ressenti autant d’émotions pour ce qu’il vient de réaliser. Après avoir repris des forces, João doit refaire le trekking de retour par le glacier du Baltoro et revenir sur Islamabad par la Karakoram Highway.
A ce jour, João a ainsi déjà foulé les trois plus hauts sommets du monde , l’Everest en 1999, le K2 cette année, le Kangchenjunga en 2006, et chaque fois sans oxygène…
D’autres moments extraordinaires suivront, on n’en doute pas.
Le site du journaliste est pour rappel http://sic.sapo.pt/online/blogs/K2
Films, photos et textes complémentaires
Jean-Luc
João a fait partie notamment de l’expédition belge au Gasherbrum II en 1998 au Pakistan où il réalisa l’exploit de faire le sommet à partir du camp de base. Deux ans plus tard, il réalisait avec Jean-Luc Fohal l’ascension du Gasherbrum I. Cette année, il s’attaquait, sans oxygène, au très difficile sommet du K2, deuxième sommet le plus haut du monde après l’Everest.